C e texte fut par la suite repris dans L’art chrétien de l’image, qui réunit trois études sur l’icône, le vitrail et la mosaïque : paru en 2005, il fut republié en 2018 dans Peindre l’Invisible. Ces études, comme celles consacrées à la peinture de paysage chinoise et japonaise (2004) et à la peinture persane (2006), partagent la volonté de rendre compte des significations contemplatives et métaphysiques des arts, d’un point de vue à la fois historique et anhistorique. Ma démarche ultérieure fut beaucoup plus historienne et moins philosophique, même si une préoccupation n’a pas changé : montrer que des arts d’il y a mille ans n’intéressent pas seulement l’archéologue, le muséographe ou l’esthète, voire le nationaliste, ils détiennent toujours une force de présence, un potentiel herméneutique, une saveur philosophique, une vertu spéculaire, qui peuvent parler à notre contemporanéité et nourrir notre vie et pensée actuelles.
Au cours des années 1990, j’écrivis aussi trois études réunies plus tard dans un livre publié en 2006 aux Deux Océans (Miroirs du Moyen Âge) : Initiation à la lecture des romans du Graal, La musique chez Hildegarde de Bingen, La sagesse du Décaméron de Boccace.
La première étude s’intéresse, moins à la légende arthurienne et à ses problématiques historiques, ni même à ses rapports avec les mythes celtiques ou plus largement indo-européens (on peut renvoyer pour cela aux remarquables travaux de Philippe Walter), qu'à la fonction opérative des textes, c’est-à-dire à leur ambition d’être, pour tout lecteur ou auditeur (ancien ou moderne), des clés à la fois subtiles et conscientes d’une spiritualité chevaleresque.
L’étude sur Hildegarde de Bingen tente de dégager des textes de cette visionnaire du XIIe siècle une métaphysique de la musique, qui éclaire à la fois le pouvoir des sons et l'intégration de la musique à une vision/audition chrétienne du monde et de l’Homme.
Plus longue que les autres, l’étude sur le Décaméron de Boccace tente une interprétation sapientielle de cette œuvre éblouissante, où derrière la vitalité des nouvelles et à l’intérieur même d’un spectre humain couvrant toutes les nuances du sublime au trivial, se manifeste une forme de spiritualité humaniste et universaliste, qui réalise la quadrature du cercle de la chair, de l’âme et de l’Esprit.